Blur.
Mars me répugne. Les bourgeons pointent leurs bouts verdâtres, les filles découvrent leurs jambes & se pâment du haut de leurs talons, le ciel se hâle de nouveau d'un bleu plus constant. & pourtant le vent continue de glacer les doigts & de rougir les joues, se dessine encore sur les rivières des traces de glace. C'est l'instant entre l'oublie de l'hiver & l'attente du Printemps, entre l'envie du soleil & le regret des feux de cheminées. Pour moi, Mars sonne la fin d'un cycle, la rupture fatale entre deux phases de ma vie.
Ici, la pluie s'écoule sans cesse depuis des semaines & achève de me rendre nostalgique. Je me remémore les parfums, les textures, les endroits. Je crois que la solitude commence à me peser, je crois que ces derniers mois vont être bien plus difficiles à supporter.
Le temps est une notion bien trop abstraite. 3 ans se sont écoulés, tellement rapidement, tellement atrocement et intensément que parfois, j'avoue avoir même oublié qu'elle ait existé. Je suis perdue dans un flou gaussien, entre je ne sais combien de contradictions et phénomènes hormonaux - très certainement-. Las de ces mois menés sans y prendre goût, las des hommes lâches & des filles aseptisées, des regards fuyants et silences insupportables. J'ai simplement le désir grandissant dans ma poitrine, de hurler toute cette masse informe qui se débat dans mes entrailles. Qu'ici soit l'endroit où j'écrirais les lettres que j'aurais dû écrire.
Le regard voilé par un chaos omniprésent, je hume les derniers vestiges de ce qui fut pour moi l'odeur la plus délicieuse que la terre n'ait jamais portée. Gonfler la poitrine, prendre une dernière respiration & plonger dans les profondeurs ruinées de l'existence, avec toujours ce goût amer sur le bout de ma langue, avec toujours cette déchirure entre les commissures des lèvres.
Mars dépeint sa toile sous les décombres de la vie.